lundi 6 juin 2011

Fixés sous verre du sénégal : spécialité locale



Les "suwer" ou fixés font aujourd'hui partie intégrante du patrimoine culturel sénégalais. La technique de peinture sous verre très ancienne, née dans l'Antiquité, a traversé le temps comme en témoignent les vitraux des églises occidentales dès le début du christianisme. L'industrialisation du verre par les célèbres verriers de Murano en fait une technique réputée qui s'exporte vers toute l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie.

 Il est fort probable qu'au XIXe siècle, les commerçants arabes diffusent cette technique aux élites locales qui se l'approprient et peignent leur environnement, les portraits des célèbres marabouts et autres personnalités sur des plaques de verre.

Grâce a l'Ecole des Beaux Arts fondée a Dakar dans les années 60 par le 1er Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, cet art s'est popularisé pour devenir aujourd'hui un incontournable de l'artisanat sénégalais avec des thèmes très diversifiés qui évoluent constamment.

La technique est toujours la même : il s'agit de peindre sur l'envers de la plaque de verre en commençant par les contours, les plus petits détails pour finir par le fond de l'oeuvre. C'est l'inverse de la peinture traditionnelle sur toile. Les artisans utilisent de la peinture acrylique ou de la peinture à l'huile. Ils peignent alors des petites séries de tableaux vendus peu cher sur les murs des grandes villes et dans les marchés touristiques. Cependant, certains artistes comme Gora Mbengue ou meme Mbida sont aujourd'hui très connus et ne sont plus considérés comme des artisans mais comme des références respectées des initiés. Leur oeuvres se vendent beaucoup plus cher.

 Les thèmes les plus récurrents sont les scènes de la vie dakaroise, les couvertures des albums de tintin, le fameux portrait du Che Guevara ou encore Bob Marley. Un des thème favori des amateurs de suwer est l'humour. En effet, les thèmes du coiffeur, du toubib, du car-rapide et des driankés ( femmes wolof aux formes très généreuses) sont souvent parodiés. Selon les modes du moment et les envies des touristes, cet art urbain et très vivant reste en perpétuelle évolution.

Les poids Baloulé : mémoire du peuple de la Reine Abla Pokou

     
                            
Les Baoulés sont originaires du centre de la Cote d'Ivoire près des villes de Bouaké et Yamoussokro. Au XVIIIe siècle, la Reine Abla Pokou, descendante des Ashantis du Ghana, sacrifie son fils unique Kouakou dans le fleuve qui lui barre la route de la Cote d'Ivoire. Son but est de sauver son peuple. L'enfant est mort ( ba ou li ) et nait l'ethnie Baoulé.

L'héritage Ashanti reste présent dans leurs coutumes, ils sont pour la plupart sculpteurs, tisserants et orfèvres. Ils vouent un culte a l'or, symbole de pouvoir et d'abondance et l'utilisent pour la fabrication de poids à peser l'or, ornements qui décorent les colliers, pendentifs, bracelets, les textiles, les armes, les masques et autres objets de la vie courante. La méthode employée est celle de la cire perdue tout comme leurs ancetres du Ghana.

Traditionnellement, on distingue grossièrement 2catégories de poids baoulés, les poids géométriques évoquant de façon abstraite les formes stylisées comme les spirales, le croissant de lune, les losanges, les carrés, les rectangles, trapèzes. Ils sont plats ou en relief, quelquefois agrémentés de motifs différent suivant la personne a qui est déstinée l'objet. Grace aux poids, on peut connaitre le statut social, la famille, le clan.




La seconde catégorie bien plus vaste, comprend des poids figuratifs évoquant de façon imagée la philosophie et des scènes de la vie quotidienne des Baoulés. Un peu comme les hyérogliphes égyptiens, les formes et dessins des poids racontent une histoire. Ces poids représentant des hommes des femmes des objets ou des animaux peuvent symboliser un trait de caractère ou synthétiser un proverbe.

Aujourd'hui, les poids Baoulés en or sont devenus assez rares. Ils sont majoritairement fait en laiton ou bronze, les motifs traditionnels sont toujours aussi appréciés bien de nouveaux motifs soient apparus. Ils sont utilisés comme bijoux ou élément de décoration.

samedi 4 juin 2011

le cauris : coquillage omniprésent

 

Le cauris est un coquillage omniprésent dans la culture africaine. Découvert dans les Maldives, il est originaire de l'océan pacifique et de l'océan indien. Dans la Chine antique, il servait déjà de monnaie d'échange. Les commerçants arabes l'on transporté avec eux jusqu' en Afrique. Monnaie d'échange jusqu'au début du XXe siècle, il est aussi utilisé comme bijou, ornement décoratif ou encore comme support divinatoire pour lire l'avenir.

Les sociétés animistes l'ont utilisé comme symbole de richesse et de prospérité, la présence de cauris sur les costumes et les coiffures déterminaient  le statut social ou l'appartenance a un clan. On lui a prété des vertus magiques : on retrouve souvent le cauris sur les masques et objets servant dans les rituels de fécondité, sa forme faisant penser a un sexe de femme, il symbolise le féminin.

Dans les milieux islamisés, les cauris ont gardé leur dimension mystique, ils servent à lire l'avenir : le voyant lance quelques cauris et ceux-ci retombent à l'endroit ou a l'envers, formant des figures qui ont chacune une signification. Dans l'Afrique subsaharienne moderne, beaucoup de femmes de tous les milieux sociaux vont consulter ces voyants pour connaitre leur avenir mais aussi pour y trouver un soutient moral et des conseils car en Afrique, le jeteur de cauris remplace en quelque sorte le psychologue occiental.

Ce petit coquillage blanc est toujours un emblème fort de l'Afrique Noire. Il a bien évidemment perdu de sa valeur marchande. Une poignée de cauris est vendue a bas prix sur les marchés  africains. Aujourd'hui, il n'a plus vraiment de symbolique lorsqu'il est détourné par la mode et la décoration dite éthnique. Il n'est apprécié que pour son esthétisme.

vendredi 3 juin 2011

Victime collatérale du FESMAN : l' art sénégalais



Le Festival Mondial des Arts Nègres qui s'est déroulé a Dakar en décembre 2010 a eu un écho retentissant mais pas de manière très positive.Cette merveilleuse initiative avait pour but de faire converger tous les regards vers une Afrique émergeante, digne, unie. Le Fesman était une chance pour l'Afrique et le Sénégal de mettre en avant sa principale richesse : la culture. Au mois de mai 2011, le Financial Times a révélé que le gouvernement sénégalais est mis en cause par de nombreux artistes qui se plaignent de ne pas avoir pu récuperer leurs oeuvres d'art : le transporteur a du réquisitionner les oeuvres en attendant le règlement de la facture par le gouvernement. Les fournisseurs sénégalais non plus n'ont pas tous été rémunérés six mois après la fin du festival.

 Le FESMAN était censé promouvoir l'art et les artistes de la diaspora africaine, mettre en valeur le Sénégal. Cet objectif n'a pas été atteint. Un manque de préparation sans doute...
A cause de ces factures impayées, tous les sénégalais sont mis dans la meme pirogue. La culture est une des plus grande richesse de ce beau pays et à cause de cet incident, la réputation des sénégalais s'est ternie encore un peu plus dans les milieux internationaux de l'art . Leur talent n'est pas mis en question mais la fiabilité des individus est parfois contestée.

Bien évidement, les premières victimes avérées sont les artistes qui ont confié leurs oeuvres et qui se battent aujourd'hui pour les récuperer. Ce sont aussi toutes les entreprises qui ont travaillé sur cet évènement sans etre payées en retour. Mais il y a malheureusement une autre victime : l'art africain et tous les artistes sénégalais qui n'ont pas participé a cet évènement mais qui y sont quand meme associés.

Les artistes sénégalais sont très créatifs, compétents et n'ont rien a voir avec leur gouvernement. Les artistes ou  artisans sénégalais ne peuvent pas etre tenus responsable des agissement de leur gouvernement. Certains galeristes et commisaires d'expositions européens qui souhaitent exposer des artistes africains et sénégalais en particuliers ne devraient pas faire d'amalgame et etre conscient qu'une collaboration avec un privé est parfois moins hasardeuse qu'une collaboration avec des grandes institutions Etatiques. Telle est la réalité d'aujourd'hui dans certains pays d'Afrique de l'Ouest. Espérons que les acteurs de la culture sénégalaise ne seront pas les victimes collatérales de cette déplorable aventure...